Pourquoi la douceur peut faire peur ?
Pourquoi craignions-nous la douceur autant qu’on la recherche ardemment ou qu’on l’espère timidement ?
Lorsque je me pose cette question, un mot s’impose :
Vulnérabilité
Vécue parfois comme une force mais le plus souvent comme une faiblesse, une fragilité ou un danger, la vulnérabilité suppose que nous ne sommes pas maîtres en notre propre demeure et par conséquent qu’une personne mal intentionnée pourrait, par des actes physiques ou verbaux, par des comportements, des stratagèmes ou des manipulations, venir porter préjudice à notre intégrité, nous fragiliser, nous dévaloriser, nous blesser… nous souiller.
Le corps de la femme a longtemps été un objet dont on pouvait disposer avant de devenir une terre sacrée et fragile à protéger. La prudence est essentielle ; savoir à qui l’on s’adresse, s’il n’y a pas de sous-entendu. Se protéger, être vigilant, méfiant ou attentif nous sécurise mais passé un certain stade nous anesthésie aussi.
Nous mettons beaucoup d’énergie en place pour éviter d’être vulnérables tout en voulant l’être au fond afin de nous sentir vivants ! La sensation de se sentir pleinement vivant se situe souvent dans un équilibre subtil entre la sécurité et le « danger » (la fameuse sortie de zone de confort !). La psychologie humaniste expliquerait cela par le postulat que tout notre organisme est, par essence, attiré par l’évolution, la transcendance de ses barrières et de ses limites afin de devenir un être toujours plus humain.
Sortir de sa forteresse pour oser la vulnérabilité demande du courage car nous sommes comme à nu devant l’autre et en premier lieu devant soi. Il est peut-être là le risque majeur que l’on fuit… au-delà de la peur de ce que peut nous faire vivre l’autre, il y a la peur de ce qui pourrait émerger du plus profond de soi. Des souvenirs douloureux, des émotions, un constat difficile sur sa vie actuelle, un sentiment qu’on cherche à éviter de ressentir depuis des années…
C’est si difficile d’être honnête et transparent avec soi ! Et en même temps… comment faire autrement pour se sentir vivant et pour créer une vie en cohérence avec ce qui nous convient vraiment ?
Retour à l’enfance
La douceur peut faire peur car elle nous rend vulnérables, et elle nous rend vulnérables car elle nous ramène au stade de l’enfance, en particulier la douceur en dehors du contexte charnel dont il est question dans mes massages. Le temps avant le langage verbal, où tout était corporel, où la différence entre soi et l’autre s’est faite par le toucher : une peau contre la nôtre, un sourire, un regard, une caresse…
A cette période aucun système de défense n’était mis en place et nous n’avions pas d’autre choix que d’exister en totale vulnérabilité. Nous étions totalement dépendants d’un autre (bien souvent des parents) et selon comment cela s’est passé, selon les barrières plus ou moins épaisses et robustes qui ont dû être érigées pour nous protéger… aujourd’hui, la vulnérabilité peut être égale à danger et la douceur… nous faire peur.
Par exemple une personne qui enfant n’aurait reçu aucune forme de tendresse, que ce soit avec les mots ou la peau, peut à l’âge adulte en avoir peur ou trouver cela inutile ou réservé aux faibles tout simplement parce que c’est un langage qui lui est inconnu.
Conditionnement et contexte social
Pour finir, la douceur peut faire peur parce qu’elle n’est pas du tout valorisée par la société. Au contraire, nous sommes conditionnés à faire preuve de peu de douceur envers soi, à ne pas nous écouter et à constamment nous surpasser. Toutes les menaces qui planent autour de nous : économiques, écologiques, géopolitiques etc. nous poussent à opter pour des comportements de survie plutôt qu’à la détente ou au relâchement. Prendre du temps pour soi peut vite résonner avec « fainéantise » ou « inconscience ».
Alors qu’il devrait résonner comme une douce mélodie pour nos oreilles, dans notre société actuelle le mot douceur fait peur. C’est ce constat qui m’a donné envie de créer ce projet de massage en utilisant volontairement ce mot afin qu’il puisse être par chacun d’entre nous réinterrogé et redéfini, qu’il reprenne peu à peu la place d’un mot qui attire, qui soulage, qui réconforte ou qui apaise plus que comme un potentiel danger dont il faut se préserver.
Il n’y a rien de plus beau, entre deux êtres humains, que de s’offrir mutuellement le cadeau d’une rencontre au-delà des barrières, avec toute notre vulnérabilité. Qu’il est bon de se sentir être pleinement vu et reçu par l’autre tel que nous sommes : imparfaits.
– Découvrir la douceur ou renouer avec elle d’abord en soi, pour soi, puis avec les autres, nous permet de participer à notre niveau à l’éclosion d’une société en meilleure santé ! –
Je vous souhaite de recevoir beaucoup de douceur,
D’oser la vulnérabilité
Et d’apprendre à cheminer avec vos peurs. 😊
Et vous, qu’auriez-vous répondu à cette question ? N’hésitez pas à m’envoyer un message, je vous lirai avec attention !